La splendeur des Laurens

 

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1895. Emmanuel Laurens étudie la médecine à Montpellier. Il a 23 ans. Originaire d'Agde, sérieux sans être remarquable, il aime la littérature, l'art, la fête. Une vie banale, en somme, que rien ne paraît devoir faire dévier de la trajectoire d'ascension sociale prudente que connaît sa famille depuis le début du siècle.

Un beau jour, le jeune homme rencontre un lointain cousin maternel, le baron de Fontenay. Et c'est là que tout déraille.

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(Si vous avez manqué le début...)

Le baron de Fontenay est un vieillard excentrique, riche à millions et affreusement pingre, qui se prend d'affection pour le jeune Emmanuel. Quelques mois plus tard seulement, le baron décède, laissant derrière lui une fortune considérable et une demi-douzaine de testaments contradictoires. Les testaments sont cachés un peu partout et forment comme un jeu d'énigmes emboîtées, se contredisant et s'annulant les uns les autres. Le plus récent paraît désigner Emmanuel Laurens comme unique héritier, mais il est difficile d'être sûr. L'affaire fait grand bruit.

Emmanuel Laurens vers 1900

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Evidemment on est en droit de trouver ces hasards suspects. Je ne ferai aucun commentaire.

Aux termes d'une bataille judiciaire homérique qui se poursuit jusqu'en 1897, c'est bien Emmanuel Laurens qui hérite, et pas qu'un peu : des terres, des entreprises, des rentes, un quai au port de Marseille, des magasins en Afrique et à Ceylan, pour un total de 20 millions de francs-or. Comme toute personne sensée l'aurait fait à sa place, le jeune homme interrompt immédiatement ses études pour partir en voyage. Il visite l'Egypte, Aden, Madagascar, où il entreprend de créer une brasserie. Mais quelques mois plus tard, il doit rentrer précipitamment : son père vient de mourir à son tour. A 24 ans, Emmanuel Laurens se trouve donc à la tête d'une immense fortune et du domaine familial, Belle-Isle, à Agde.

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Pourquoi ce nom incongru, 'Belle-Isle' ? Je ne résiste pas au plaisir d'une digression, que les lecteurs intrépides mais pressés peuvent tout à fait zapper, je ne me formaliserai pas.

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C'est bon, on est entre nous ? Les casse-pieds sont partis ? Ah ! Or donc, les érudits et les lecteurs d'Alexandre Dumas parmi vous se souviennent peut-être qu'en 1658, Nicolas Fouquet, le surintendant aux finances de Louis XIV, achète Belle-Île-en-Mer avec l'espoir d'en faire une plaque tournante du commerce maritime international. Il entreprend d'y faire construire de gigantesques fortifications sans en informer le roi, ce qui est tout de même très suspect.

La citadelle et les remparts du Palais, à Belle-Île

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Fouquet est arrêté en septembre 1661. Les fêtes de Vaux-le-Vicomte sont restées dans l'imaginaire collectif comme la cause principale de sa chute : le roi aurait été jaloux des fastes de son ministre. En réalité, les choses sont plus complexes. Le problème fondamental était les liens de Fouquet avec le parti dévôt qui, dans le sillage de la Fronde, pouvaient faire douter de sa loyauté absolue à la couronne. En surface, Fouquet était accusé de deux crimes : de malversations, certes, mais aussi et surtout de menées séditieuses. Belle-Île, possession extravagante, alimentait tous les fantasmes : pendant le procès inique qui lui fut fait, on a accusé le malheureux Fouquet d'y tenir une flotte clandestine à sa solde et d'avoir tenté d'y mêler les Jésuites. C'est ce qui a donné naissance à l'un des épisodes les plus spectaculaires du Vicomte de Bragelonne : l'assaut de Belle-Île.

La vue depuis les remparts

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On nous bassine toujours avec le masque de fer, mais franchement c'est ça le grand moment du roman : Aramis retranché sur sa base insulaire avec Porthos, tandis que d'Artagnan se prépare à donner l'assaut, c'est déjà Hollywood. Imaginons une seconde que les accusations contre Fouquet aient été fondées et qu'il ait mis son plan à exécution. Ca ferait un film du tonnerre : je vois d'ici des sbires masqués avec des armures ultra-légères, des mousquets automatiques et, évidemment, un sous-marin développé avec l'argent des ennemis de la couronne. Voilà qui ferait une suite merveilleusement idiote à la version des 3 Mousquetaires déjà formidablement crétine sortie en 2011

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Notons tout de même qu'il s'y trouve donc en même temps que l'homme au masque de fer.

La triste réalité est qu'au moment de son arrestation, Fouquet ne préparait pas de coup d'Etat. Il était ruiné. Ses actifs spectaculaires étaient compensés par un passif abyssal. Il avait gâché sa fortune pour la plus grande gloire du roi. En 1664, à l'issue de son procès, il est condamné à l'exil pour "péculat", c'est-à-dire pour avoir mis les mains dans la caisse. Le roi commue sa peine en emprisonnement à perpétuité. Fouquet est envoyé à la forteresse de Pignerol, en Savoie, où il mourra en 1680.

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Après la disgrâce de Fouquet, ses proches doivent fuir Paris. Son fils Louis se réfugie auprès de son oncle, l'évêque d'Agde, qui est confiné sur son diocèse. En 1691, il achète un domaine où le Canal du Midi débouche sur le fleuve Hérault. Le percement du 'canalet', un peu plus haut, achève de couper son exploitation des terres : elle devient une île.

La pavillon du domaine de Belle-Isle. L'île se situe là où l'Hérault rencontre la mer

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Des années fastes de son père, le jeune Louis Fouquet a hérité du titre de marquis de Belle-Isle. C'est lui qui laisse ce nom au domaine que le grand oncle d'Emmanuel Laurens achètera en 1830.

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Emmanuel Laurens a tenté de populariser le nom de "Château de Belle-Isle" pour désigner la maison située sur l'une des rives de l'île, perdue dans la végétation. La tradition ne l'a pas entendu de cette oreille, qui s'est obstinée à l'appeler "Le château Laurens". Et il faut avouer que c'est bien grâce à lui que cette villa a pu prétendre au titre de château.

"Une masse d’architecture moitié gothique, moitié sarrasine", disait Poe dans Le Domaine d'Arnheim

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Lorsqu'Emmanuel Laurens hérite du domaine en 1897, la maison familiale est confortable, cossue, mais certainement pas extravagante. Son père a simplement fait rajouter quelques décors et parements extérieurs pour mettre sa villa au goût du jour.

La villa familiale dans les années 1880

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Mais Emmanuel Laurens ne l'entend pas de cette oreille : il veut faire de sa demeure quelque chose d'unique, qui lui ressemble. Pour y parvenir, il me ménagera ni sa peine, ni sa fortune. Les travaux commencent en 1898 et durent trois ans.

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Il avait sans doute aussi un sacré maçon pour l'épauler.

Si l'aspect extérieur de la maison est pratiquement inchangé, l'intérieur est remanié intégralement. Laurens fait les plans lui-même, sans architecte, pour autant qu'on puisse en juger aujourd'hui. Il utilise des bribes de connaissances glanées auprès de son père et de son oncle, respectivement ingénieur et architecte auprès de la municipalité de Montpellier. C'est ainsi qu'on explique l'étrangeté du plan du château, qui semble avoir subi de nombreux remaniements. Le résultat est déroutant : un assemblage hétéroclite de résidus d'orientalisme, de décorum pseudo-égyptien et de mobilier ultra-moderne réalisé sur commande.

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Le site officiel du Château Laurens consacre une page à ces artistes.

Le mobilier du château Laurens ne faisait pas partie de la vente quand la commune d'Agde a acquis la maison en 1994. Il a été vendu aux enchères. La commune a pu se porter acquéreur de quelques pièces pour éviter qu'elles ne soient dispersées.

Les meubles, les vitraux et les fresques qui décorent son intérieur sont réalisées par de jeunes artistes locaux, parfois renommés, et qui se trouvent souvent être ses amis. Le goût d'Emmanuel Laurens le porte vers des artistes résolument modernes, adeptes de ce qu'on appellera bientôt l'Art nouveau. Pour ce qu'on peut encore en voir aujourd'hui, le mobilier réalisé par Léon Cauvy est fabuleux. Les portes en fer forgé sont splendides. A l'époque, sa salle de bain décorée de naïades en faïence de Sarreguemines a même l'honneur de publications internationales.

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L'été dernier, une exposition a été consacrée aux décors du château Laurens.

Les commandes de Laurens témoignent d'un goût remarquable. C'est ce qui permet à sa maison de se distinguer nettement d'autres folies contemporaines, les pompeux châteaux des viticulteurs richissimes de la région de Béziers. "Alors que sa fortune aurait pu l'amener à suivre le sillon tracé par cette bourgeoisie provinciale, Emmanuel Laurens met au service de son oeuvre architecturale sa richesse, sa culture et son intelligence en affichant les goûts les plus progressistes de son temps dans sa ville natale", écrit Laurent Félix, chargé d'études patrimoine à la CAHM. Pour lui, les travaux du château Laurens témoignent de l'ambiance d'émulation artistique, de renaissance régionaliste dans le Montpellier du tournant du XXe siècle, où foisonnent les revues littéraires, les peintres, les créations théâtrales et lyriques.

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Plus largement, il y a chez Emmanuel Laurens une fascination sincère pour la modernité. Il fait installer le chauffage central et l'eau courante dans sa maison, et n'hésite pas à employer le béton armé, qui était loin d'être une technologie éprouvée. Le château est alimenté en électricité par une petite centrale hydroélectrique, qu'il fait construire en 1900. Loin de s'opposer au passage d'une ligne de chemin de fer sous ses fenêtres, il en est ravi : la légende veut qu'il ait seulement demandé à ce que le train s'arrête pour qu'il puisse y monter lorsqu'il voulait se rendre à Paris.

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La coïncidence est frappante car Ludwig Wittgenstein dessina également les plans d'une maison pour sa soeur Marguerite, dans un style ultra-moderne inspiré d'Adolf Loos, ainsi qu'un certain nombre d'aménagement intérieurs pour cette même maison - dont des radiateurs si complexes qu'il fallut aller chercher en Allemagne des artisans capables de les fabriquer.

En ce sens, le choix de l'Art nouveau n'est pas neutre - il ne s'agit pas d'une simple abstraction décorative, vaguement végétale. C'est un mouvement de fond qui veut rassembler art et artisanat, le beau et l'utile, à la manière de la Sécession en Autriche. On peut d'ailleurs noter, toutes proportions gardées, des similitudes entre le rôle de mécène joué par Laurens dans le pays d'Oc et celui de la maison des Wittgenstein à Vienne : l'Atelier Viennois a dû sa longevité en grande partie à la fortune et aux idées modernes de Karl Wittgenstein.

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La première vague de travaux dans le château Laurens dure trois ans. En 1901, Emmanuel Laurens prend possession de sa maison et s'y installe avec sa mère et sa soeur, Marguerite, qui passera toute sa vie à ses côtés. Et une fois que tout le monde est bien installé, il peut enfin partir à nouveau en voyage. En 1903 commence un nouveau périple : la Chine, l'Inde, Djibouti, les Seychelles, le Turkistan, l'Asie centrale. Il chasse le tigre et le crocodile à Ceylan. Au retour, s'achète un yacht pour une croisière autour de la Méditerranée.

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Les années qui suivent son retour, de 1905 à 1914, sont celles où le château Laurens connaît le rayonnement le plus intense. Laurens alterne voyages et fêtes données à Belle-Isle, incarnant à merveille le luxe absurde de la Belle Epoque : Emmanuel Laurens envoie son maître d'hôtel chercher son caviar dans la Caspienne pour s'assurer qu'il lui arrive frais. Lorsqu'il organise un pic-nic, le train s'arrête sur Belle-Isle pour laisser descendre ses invités arrivés de Paris. Et s'il lui prend l'envie d'aller flamber au casino Laurens affrète des trains spéciaux pour emmener ses invités à Montecarlo.

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Laurens et ses invités ne se mêlent guère à la population locale. Les rumeurs les plus folles commencent à courir sur ce qui se passe au château : on parle d'orgies, de messes noires. Des photos licencieuses circulent.

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De son vrai nom Julienne Carré - franchement c'est dommage qu'elle ait changé.

En 1907, Emmanuel Laurens rencontre la cantatrice Louise Blot. Personne ne sait bien où : peut-être à l'Opéra de Béziers, peut-être à Paris, et peut-être lors d'un des voyages auxquels Laurens convie artistes et personnalités en vue. Peu importe, ils tombent amoureux. C'est pour elle qu'Emmanuel Laurens fera construire la salle la plus surprenante de son château, le salon de musique, une sorte de chapelle oblongue et plus haute que tout le reste de la maison, surmontée d'une sorte de coupole en écailles de zinc, qui paraît totalement disproportionnée.

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Je n'étais pas là, à mon grand dam. On peut voir quelques photos ici

Depuis 2007, le salon de musique a connu d'énormes travaux de restauration destinés à lui rendre son aspect originel. L'intérieur était entièrement orné de fresques aux motifs inspirées d'animaux exotiques, et ses murs percés de vitraux. Des luminaires pendent au bout de défenses d'éléphant factices. Des toiles complétaient le décor, mais elles étaient si abimées que leur restauration s'est avérée impossible. Un concours a été organisé par le Ministère de la Culture pour les remplacer par des créations contemporaines. Après sept années de travaux, le salon de musique a été ouvert au public pour les journées du patrimoine, en septembre 2014.

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Emmanuel Laurens et Louise Blot demeurent amants pendant près de quinze ans avant de se marier, enfin, après la mort de la mère d'Emmanuel en 1921. Le mariage sonne la fin de la carrière lyrique de Louise, qui avait pourtant commencé à décoler en 1918. Elle continuera à se produire dans le cadre de soirées privées, dans le salon de musique construit en son honneur. En une occasion au moins, Laurens fait venir la troupe de la Scala pour l'accompagner.

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En 1914, Laurens n'est pas mobilisé. Il en profite pour reprendre ses études de médecine. Il soutiendra finalement son doctorat en 1921 - sa thèse portait sur l'utilisation médicale des procédés électriques, sujet rampaldien en diable. Le château Laurens possède d'ailleurs un énigmatique "laboratoire" au premier étage, qui laisse penser que Laurens ne dédaignait pas de se livrer à des expérimentations.

Le laboratoire

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Décidément ce type m'est de plus en plus sympathique.

Emmanuel Laurens n'exercera jamais la médecine - et ça n'est peut-être pas plus mal : il était revenu d'Orient avec un goût assez prononcé pour l'opium.

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Entre-deux guerres, Emmanuel Laurens fait une série de placements désastreux. La crise mondiale et son refus de réduire son train de vie extravagant précipiteront sa ruine.

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En 1927 et 1928, Laurens lance ses derniers travaux : il fait décorer le fumoir du château par son ami le peintre Eugène Dufour. Le peintre réalise un ensemble de fresques évoquant les voyages de Laurens, "où se mêle le goût du mythe antique et des sociétés traditionnelles. De remarquables paysages panoramiques évoquent l'Arcadie et la Méditerranée et l'exotisme indien ou océanien.". Contrairement aux travaux réalisés au début du XXe siècle, les fresques de Dufour sont commémoratives, et non plus programmatiques : fini les grands voyages, désormais Emmanuel Laurens ne sortira plus guère de chez lui.

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Dans les années 30, il se sépare de ses biens un à un, y compris le château, qu'il vend en viager en 1938. Heureusement, Louise et Marguerite ne l'abandonnent pas, même dans ces temps difficiles. Pour réduire leur train de vie, ils se réfugient dans les ‘petits appartements’ situés dans les entrailles de la maison et laissent le reste tomber en ruine.

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Emmanuel Laurens ne voyage plus que grâce à l'opium. Seules les fresques qui décorent ses murs et la voix de Louise lui rappellent encore la splendeur de son passé.

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Pendant l'occupation, l'armée allemande utilise le château Laurens comme casernement. Emmanuel Laurens, Louise Blot et Marguerite Laurens doivent cohabiter avec des soudards qui dessinent leurs beuveries sur les fresques du fumoir. On raconte que l'éphèbe d'Agde, une statue antique en bronze retrouvée au fond de l'Hérault en 1964, pratiquement en face du château, appartenait à Emmanuel Laurens. Il aurait préféré la jeter dans le fleuve que voir les Nazis se l'approprier.

Après guerre, la situation financière de Laurens ne s'arrange pas. Pour survivre, il vend un à un les bibelots et les oeuvres qui décoraient son intérieur. Louise, Emmanuel et sa soeur Marguerite vivent dans des conditions précaires. La majeure partie des pièces du château sont fermées et se dégradent. Les Agathois que Laurens a snobés pendant quarante ans ne doivent pas se bousculer pour lui porter secours.

Emmanuel Laurens en 1946

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Louise Blot meurt en 1954. Emmanuel Laurens lui survit cinq ans. Il meurt à 86 ans, chez lui, le 5 octobre 1959. La famille montpelliéraine qui lui avait acheté le château en viager vingt ans plus tôt peut enfin en prendre possession, mais il est vraisemblablement déjà très abimé et ses nouveaux propriétaires ne l'entretiennent guère. Quand la ville d'Agde l'achète en 1994, le château Laurens est dans un état déplorable.

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Quant à Marguerite Laurens, la soeur d'Emmanuel, elle finit sa vie dans l'indigence. Elle mendie dans les rues de Montpellier jusqu'à sa mort, en 1967.

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Vous conviendrez avec moi, intrépides lecteurs, qu'il est difficile de ne pas voir de similarités entre l'histoire d'Emmanuel Laurens et celle d'Hitomi, le héros de l'Île Panorama de Rampo : la fortune récupérée dans des conditions louches, les travaux pharaoniques, les fêtes orgiaques, la fin tragique. Et toujours : l'île.

Ce qui m'obsède : si Emmanuel Laurens ne s'était pas piqué d'entreprendre et s'était contenté, comme Hitomi, de dilapider sa fortune en fresques et en fastes, si au lieu d'ouvrir des brasseries dans l'océan Indien et de faire assécher des marais, il s'était contenté de donner des pic-nics, eh bien peut-être qu'il aurait pu profiter de la grande vie jusqu'au bout.

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Prochain épisode :
Les invasions barbares

Où l'on verra qu'on n'arrête décidément pas le progrès.

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Sauf mention contraire, images, textes, conception & réalisation : Martin Lafréchoux

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